THÉSAURUS


1. Remarques préliminaires

Avant d'en livrer le résultat, je souhaite exposer en quelques pages les motivations du présent travail, en répondant à quatre questions :

  1. d'où vient cette idée d'un thésaurus opérationnel de l'autoformation ?
  2. pourquoi ne pas se contenter des thésaurus existants ?
  3. quelle a été la démarche aboutissant à ce résultat ?
  4. dans quel projet plus vaste s'inscrit ce travail ?

1.1 Une idée

L'idée d'un thésaurus des approches de l'autoformation par les pratiques ­ ce que définit pour une part le qualificatif "opérationnel" appliqué à ce thésaurus en projet ­ s'inscrit dans une histoire locale.

La tenue du deuxième colloque européen sur l'autoformation à Lille en novembre 1995 est sûrement l'événement déclencheur. En effet, pour environner documentairement le travail des congressistes, j'ai constitué une bibliographie signalétique assez complète des ouvrages et articles de langue française sur l'autoformation. J'étais quelque peu rompu aux questions documentaires que pouvaient poser l'autoformation, grâce a un travail antérieur sur les "formations ouvertes multiressources", dont un travail documentaire sur l'œuvre publié de Philippe Carré, l'un des chantres français de l'autoformation (1).

Mais, comme pour que ma participation à l'organisation de ce colloque ­ pour la partie documentaire ­ ne reste pas un événement isolé, mais surtout constatant le vaste travail à accomplir s'agissant de l'environnement documentaire de l'autoformation (ne serait-­ce que pour la gestion des références bibliographiques), j'ai proposé au GRAF de lui confectionner son thésaurus, un thésaurus pour les chercheurs certes, mais un thésaurus opérationnel, c'est-à-dire capable de traiter les comptes rendus des pratiques en la matière et de rendre service aux "professionnels" de l'autoformation.

Le GRAF sembla accepter l'idée, qu'il me restait à transformer.

1.2 Des raisons

Mais pourquoi créer un thésaurus opérationnel de l'autoformation ? Pourquoi ne pas se contenter des thésaurus existants, notamment le Thésaurus de la formation qui fait autorité dans le milieu des documentalistes du secteur de l'éducation permanente ?

1.2.1 Le Thésaurus de la formation

Ce thésaurus, élaboré par un collectif de documentalistes d'organisations honorables (feu l'ADEP (2), l'AFPA (3), le Centre INFFO (4) et l'ONISEP (5)), a connu plusieurs versions :

1. Première version en 1976, sous le titre Thésaurus Éducation Permanente ­ 1976, c'est-à-dire cinq ans après la loi fondatrice du système français de la FPC...

2. Deuxième version, sous le même titre, en 1982 ­ comme pour clore une période où l'éducation permanente concernait essentiellement les adultes...

3. Changement de titre pour la troisième édition (1988) ­ on passe de l'éducation permanente à la formation, comme pour marquer le changement de visage de l'éducation permanente à partir de 1982 (évolution des problématiques qui traversent le champ de la formation, modifications dans le paysage social, économique, pédagogique et technique)...

4. Une quatrième édition était prévue pour 1995 ­ qui n'a toujours pas vu le jour ­, notamment pour mieux prendre en compte la dimension européenne de la formation continue et pour intégrer les principaux éléments du Thésaurus du droit de la formation...

Initialement édité et distribué par l'ADEP de son vivant, ce thésaurus est aujourd'hui diffusé par le Centre INFFO ­ qui a d'ailleurs récupéré le fonds documentaire de la défunte.

Cet outil documentaire est utilisé par la plupart des centres de documentation du secteur de la formation continue/éducation permanente. Sans même compter l'importance de l'investissement nécessaire à l'élaboration d'un thésaurus, cet argument suffit à poser la question de la légitimité qu'il y aurait à construire un nouveau thésaurus pour l'autoformation.

Il semble cependant que cette légitimité est assurée, et pour deux raisons essentielles : une raison qui ressort de la justesse conceptuelle, et une raison qui ressort de la suffisance lexicale.

Justesse conceptuelle

Dans l'"état des lieux de l'autoformation" qu'il proposait en 1995, Philippe Carré (6) constatait que le Thésaurus de la formation assimilait l'autoformation à une méthode pédagogique, jugeant une telle assimilation pour le moins réductrice.

Suffisance lexicale

Du coup ­ mais aussi pour d'autres raisons ­, les termes que ce thésaurus a choisis pour dénommer/dénombrer le champ de l'autoformation sont en nombre largement insuffisant pour rendre compte de l'étendue et de la diversité du champ ­ tel du moins qu'il s'est déployé lors du colloque de Lille. Si l'on en croit la liste alphabétique qui ouvre le thésaurus, le descripteur autoformation n'y est en effet associé qu'à quatre autres descripteurs : centre ressource pédagogique, auto­évaluation, enseignement individualisé et outil autoformation. Auxquels on pourrait ajouter autodocumentation et travail autonome, par exemple.


1.2.2 L'historicité des outils documentaires

Il convient de voir dans ces deux problèmes que pose aujourd'hui le traitement de l'autoformation par le Thésaurus de la formation un effet de l'historicité nécessaire des outils documentaires. La version du thésaurus que nous avons aujourd'hui en main date de 1988. À cette époque l'autoformation n'avait pas encore fait l'objet d'une attention soutenue et massive de la part de la communauté éducative.

Quelques "éclaireurs" en avaient bien parlé dès la fin des années soixante, ainsi Joffre Dumazedier et Bertrand Schwartz. Dans son ouvrage de prospective éducative (7), ce dernier aborde l'autoformation par l'entrée méthode pédagogique ­ approche reprise par les auteurs du thésaurus. Voyez le chapitre VII intitulé "Vers l'autoformation assistée, autoformation, auto­évaluation et autonomie" : les descripteurs associés à autoformation dans le thésaurus y sont déjà tous présents.

Quant au lien entre autoformation et enseignement individualisé, il faut y voir, là aussi, un effet de reprise de la part des documentalistes : c'est bien par le biais de la question de l'individualisation de l'enseignement que la communauté éducative "ordinaire" est entrée dans la thématique de l'autoformation. Pour ne prendre qu'un exemple, voyez le titre évocateur de l'article de Guy Bonvalot et Bernadette Courtois, " L'individualisation de la formation professionnelle des adultes : un pas vers l'autoformation (8).

Bref, dans la seconde moitié des années quatre-­vingt, le Thésaurus de la formation ne pouvait guère proposé autre chose, ni s'y prendre autrement pour dénommer/dénombrer le champ de l'autoformation. Statistiquement, les documents intéressant l'autoformation ne représentent pas 1% des documents antérieurs à 1988 répertoriés dans Forinter, la banque de données du Centre INFFO ­ c'est-à-dire 25 documents, tout en sachant que des "dossiers" avaient été publiés avant cette date dans Éducation permanente (n° 78/79 de 1985 : double numéro spécial coordonné par Joffre Dumazedier) et le Journal de la formation continue et de l'E.A.O. (n° 220 de 1987 : dossier coordonné par Philippe Carré), notamment.

Ainsi la légitimité qu'il y aurait à construire un nouveau thésaurus pour l'autoformation est assurée. Le discours sur l'autoformation a pris, depuis 1988, une ampleur telle que le système descriptif proposé par le Thésaurus de la formation ne peut convenir en 1997.

1.3 Une démarche

1.3.1 Recherche de l'entente préalable

Un thésaurus est avant tout un langage dont le système référentiel est "partagé" par une communauté définie, un langage utile au dialogue documentaire entre les membres de cette communauté. Or, dans le dialogue, il faut distinguer entre "ce dont on parle" et "ce que l'on dit". Pour que le dialogue soit fructueux, ou simplement fonctionne, deux conditions doivent être remplies : "ce dont on parle" et "ce que l'on dit" doivent faire l'objet d'un accord, d'une entente entre les protagonistes du dialogue, l'entente sur "ce que l'on dit" n'étant possible que sur fond de l'entente (préalable) sur "ce dont on parle".

Analysant le déroulement du dialogue dans le Ménon de Platon, Paul Ricoeur (9) montre bien comment la confusion de ces deux niveaux conduit à des impasses dialogiques:

La fonction du thésaurus en général sera précisément de stabiliser une telle entente préalable (10). Et ce, à des fins tout à fait opérationnelles, à des fins d'identification "thématique" de documents, de la simple inscription d'un document dans la thématique large de l'autoformation (cf. le "foyer de conceptualisation de l'autonomie éducative" de Gaston Pineau) à sa situation (ce dont il parle) dans le champ thématique, c'est-à-dire les possibilités d'articulations entre ce document et le corpus qu'il contribue à constituer (dialectique de la partie et du tout).

C'est pour que l'entente soit la plus complète possible que le documentaliste confectionneur de thésaurus s'autorise parfois à préciser le sens d'un mot du thésaurus. Il s'agit de lever les ambiguïtés d'interprétation. C'est ainsi que le Thésaurus de la formation administre une note d'application (NA) pour le descripteur évaluation formative, mot récent en 1988 :

ÉVALUATION FORMATIVE
NA               Diagnostic des difficultés de l'apprenant étape par
                   étape au cours de l'apprentissage
d'un savoir

C'est ainsi que, dans le présent thésaurus, je précise le sens du descripteur milieu naturel, par exemple, tout simplement pour qu'une manipulation trop rapide du thésaurus ne laisse la possibilité de comprendre 'milieu naturel' comme un mot écologique ou de la politique de l'environnement :

MILIEU NATUREL
NA             Milieu non éducatif, i.e. hors institution éducative

1.3.2 La réalité structurante du thésaurus

C'est à ce niveau qu'apparaît dans toute sa force la réalité structurante du thésaurus : un thésaurus est un langage documentaire dont les éléments (les "descripteurs", les "mots-clés") " fonctionnent essentiellement selon leur rapport d'exclusivité signalétique ­ ce qu'on peut appeler leur pouvoir séparateur" (11). C'est pourquoi le terme 'autoformation', typiquement, ne saurait ici s'instituer descripteur : à l'intérieur du champ thématique qui nous intéresse, il n'est pas discriminant ; il englobe et ne sépare rien. Ce terme doit être qualifié de nombreuses façons pour que de la séparation sémantique s'installe. C'est l'objet même du présent travail.

Ce langage est fondé sur une structuration hiérarchisée d'un domaine de la connaissance ici la connaissance des pratiques d'autoformation et d'aide à l'autoformation (12). Des relations hiérarchiques permettent en effet d'inscrire les descripteurs dans des rapports de filiation : on dira par exemple que le descripteur autoformation intégrale est le terme générique (TG) d'autre, soi, milieu naturel et lieu ressource, et qu'inversement autre, soi, milieu naturel et lieu ressource sont les termes spécifiques (TS) d'autoformation intégrale.

AUTOFORMATION INTÉGRALE
TS                   
AUTRE
TS                          LIEU RESSOURCE
TS                          MILI EU NATUREL
TS                          
soi
(...)
AUTRE
TG            AUTOFORMATION INTÉGRALE

(...)

LIEU RESSOURCE
TG           AUTOFORMATION INTÉGRALE

MILIEU NATUREL
TG           AUTOFOMATION INTÉGRALE

(...)

soi
TG            AUTOFORMATION INTÉGRALE

Parler, comme je l'ai fait plus haut, d'un système "référentiel" partagé par une communauté définie ne signifie pas que les éléments du thésaurus renvoient directement, sans intermédiaire, à une réalité quelconque (que ce soit la référence que les latins nommaient suppositio ­ lien entre le mot et la réalité pratique, ou celle qu'ils nommaient significatio ­ lien entre le mot et la réalité conceptuelle). Il ne s'agit pas immédiatement ici de la référentialité (Bedeutung) que Gottlob Frege (13), par exemple, opposait au sens interne (Sinn) du discours. Il s'agit bien plutôt de partager un système descriptif, notamment ses articulations internes et le jeu des discriminations qui s'y déploie. Plutôt qu'un outil de description, un "descripteur", un "mot-clé" est une dénomination pour le dialogue documentaire, et le jeu des discriminations est le lieu où s'exécutent les effets du pouvoir d'exclusivité descriptive du descripteur.

Ainsi la synonymie, en documentation, est excluante.

Quelquefois, elle ne fonctionne que pour maintenir la possibilité de correspondances entre langage dit naturel et langage documentaire. Il n'y a de synonymes dans le langage documentaire que pour attribuer à un seul des vocables synonymes en langage dit naturel un pouvoir descriptif exclusif et renvoyer les autres vocables au magasin des non­descripteurs. Dans le présent thésaurus, 'autodidaxie', par exemple, n'est que synonyme non-descripteur, au profit d'autoformation intégrale (14).

Quelquefois, la synonymie fonctionne comme un rappel de " termes spécifiques " non pris en compte en tant que descripteurs. La raison est ici simple. Il s'agit de ne pas alourdir ce thésaurus ­ qui contient, en l'état, 143 descripteurs ­ pour qu'il reste maniable. Aussi quelques descripteurs (termes génériques) n'ont pas été déclinés par d'autres descripteurs (termes spécifiques), mais par des synonymes. Par exemple, 'ressource audiovisuelle' englobera 'diaporama', 'cinéma' et 'télévision éducative'.

Pour faciliter l'usage du thésaurus cependant, j'ai indiqué quelques cas de synonymie en intégrant à la liste générale qui constitue la 4ème partie du présent document (p. 35 et suivantes) les non-­descripteurs usuels dans le langage dit naturel (en minuscules, pour les distinguer des descripteurs portés en majuscules) suivi de la mention "EM" (= employer) et du descripteur "autorisé" (15). À l'inverse, à l'endroit du descripteur "autorisé", on trouvera la mention "EP" (= employé pour) et le synonyme non-­descripteur. Pour la relation entre 'autodidaxie' et 'autoformation intégrale', par exemple :

Autodidaxie
EM                AUTOFORMATION INTÉGRALE
(...)

AUTOFORMATION INTÉGRALE
EP                 Autodidaxie

Ou pour ressource audiovisuelle

Cinéma
EM                    RESSOURCE AUDIOVISUELLE

(...)

Diaporama
EM                  RESSOURCE AUDIOVISUELLE

(...)

RESSOURCE AUDIOVISUELLE
EP                  
Diaporama
EP                  Cinéma
EP                  Télévision éducative

(...)

Télévision éducative
EM                  RESSOURCE AUDIOVISUELLE

Mais là où il apparaît clairement que le langage documentaire ne joue pas d'une référentialité ordinaire, c'est quand sont déclarés synonymes dans un thésaurus des mots opposés du langage dit naturel. Ainsi, pour décrire un document qui parle de la 'réussite scolaire', avec le Thésaurus de la formation, il conviendra d'utiliser le descripteur 'échec scolaire'.

1.3.3 Recherche de l'accord sur le matériau de départ

Bref, l'entente préalable que le thésaurus de l'autoformation veut formaliser concerne dans le même mouvement les jeux de discriminations à l'intérieur du langage documentaire et la capacité de ce dernier à permettre le dialogue sur les pratiques d'autoformation et d'aide à l'autoformation, à "décrire" la connaissance en la matière.

Mais avant de construire un tel accord, il convient d'en passer par un autre accord, un accord concernant "ce sur quoi on se base" pour le construire.

La base choisie ici, c'est le travail fourni par Philippe Carré à la suite du deuxième colloque européen sur l'autoformation, à savoir la "synthèse néogalactimorphe" (17) qu'on peut lire aux pages 244-­251 des actes(18), texte repris plus loin (p. 10 et suivantes du présent document) ­, mais aussi l'ensemble des contributions publiées dans ces actes et sur lesquelles s'appuie le travail de synthèse de Philippe Carré (19).

Pourquoi ce choix ? Peut-­être tout simplement parce que ce colloque semble avoir roulé sur l'ensemble de la thématique autoformation et parce qu'il s'y est agi de pratiques (d'autoformation et d'aide à l'autoformation)... De la sorte, d'autre part, le présent travail s'inscrit dans l'histoire récente du développement de la réflexion sur l'autoformation.

Bref, chaque "planète" de la galaxie Autoformation fait ici l'objet d'une reprise des textes qui constituent les actes du colloque de Lille : d'abord l'extrait "néogalacticomorphe", puis les contributions caractérisées par Philippe Carré comme pointant vers le système stellaire en question. On notera que certaines contributions pointent vers deux (voire trois) systèmes stellaires... Rien n'est univoque dans la galaxie Autoformation.

Enfin, chaque groupe de textes ainsi constitué ­ devenant corpus provisoirement attitré d'un des cinq systèmes stellaires ­ fait l'objet d'une lecture orientée analyse lexicale dans la visée d'un repérage des mots passibles d'un accord le plus large possible au sein de la communauté dialoguante des " professionnels " de l'autoformation.

À la limite, chacun des micro­thésaurus ainsi constitués pourra sembler autonome par rapport aux quatre autres. On pensera donc pouvoir lire le thésaurus de l'autoformation intégrale, celui de l'autoformation sociale, etc. Mais ceci n'est qu'une illusion d'optique : chaque système stellaire n'est observable qu'au sein de la galaxie et se configure en fonction de l'optique ­ au sens propre du terme ­ utilisée. C'est pourquoi il est tout à fait légitime que le même descripteur soit présent dans plusieurs micro­thésaurus. Il y a seulement des chances pour qu'il s'inscrive différentiellement dans le système des descripteurs en question, pour que son "rapport d'exclusivité signalétique" se configure autrement en fonction de la logique propre de l'optique adoptée.

À l'inverse des descripteurs différents inscrits dans des configurations stellaires différentes partageront quelques propriétés sémantiques. D'où l'intérêt de la relation d'association (TA) qui peut être marquée à leur endroit. Par exemple entre échange réciproque savoir, coformation et apprentissage coopératif :

APPRENTISSAGE COOPÉRATIF
TA                   
COFORMATION
TA                  ECHANGE RECIPROQUE SAVOIR

(...)

COFORMATION
TA                  APPRENTISSAGE COOPERATIF

TA                  ECHANGE RÉCIPROQUE SAVOIR
[ ... ]

ÉCHANGE RÉCIPROQUE SAVOIR
TA                 
APPRENTISSAGE COOPÉRATIF
TA                 COFORMATION

Une autre façon de repérer les associations sémantiques à moindre frais : les descripteurs contenant deux ou plusieurs termes peuvent être signalés pour chacun de leurs termes (idée du thésaurus "inversé"). Le simple jeu lexical permet alors des rapprochements qui peuvent être utile. Ainsi le terme 'autoformation' par exemple, qui ne saurait être institué descripteur (20), est cependant intégré à une dizaine d'expressions :

autoformation
                 
ACCOMPAGNEMENT AUTOFORMATION
                 CAPACITÉ AUTOFORMATION
                 OUTIL AUTOFORMATION
                 PRATI0UE AUTOFORMATION EXISTENTIELLE
                 TEMPS AUTOFORMATION

AUTOFORMATION COGNITIVE

AUTOFORMATION ÉDUCATIVE

AUTOFORMATION EXISTENTIELLE

AUTOFORMATION INTÉGRALE

AUTOFORMATION SOCIALE 

1.4 Un projet en forme de propositions faites au GRAF

L'autoformation serait comme une galaxie que l'observateur ne peut regarder qu'en oblique, c'est-à-dire du point de vue de sa propre pratique. "Mettre à plat" l'ensemble du thésaurus est quasiment contre­nature, à moins d'accepter que la démarche soit ici inverse : les micro­thésaurus sont les étais qui ont servi à la construction de l'édifice final, le Thésaurus opérationnel de l'autoformation. Reste que cet édifice est loin d'être habitable tel quel : il manque notamment un sérieux lissage des liens interdescripteurs (filiations et associations) et un travail important sur les synonymes. Bref, bien plus qu'un simple ravalement de façade !

La première proposition que j'adresse au GRAF concerne précisément ce dernier travail qui se décline en cinq temps successifs :

Ce travail quasi titanesque requiert la participation de plusieurs chercheurs spécialisés dans les systèmes stellaires de la galaxie Autoformation.

Mais ce travail serait quasiment vain, S'il ne s'inscrivait dans un projet plus vaste et autrement ambitieux. Un thésaurus est un outil documentaire, rien qu'un outil. Et la question est de savoir qui va s'en servir, quand, comment et pour quoi ?

Ne peut-­on imaginer que la communauté des "professionnels"  de l'autoformation s'en saisisse, sous l'œil attentif et avec l'aide du documentaliste, pour constituer un OBSERVATOIRE DOCUMENTAIRE PERMANENT DE L'AUTOFORMATION ? Pourquoi des groupes de travail bibliographique ne se constitueraient-­ils pas au sein du GRAF (un par système stellaire), dont la mission consisterait à référencer, en l'indexant au moyen du thésaurus, tout document intéressant le système stellaire en question ?

En réalisant la bibliographie pour le colloque de Lille, j'ai pu constater l'abondance documentaire à l'endroit de l'autoformation. Encore cette bibliographie de 1995 est-­elle loin de l'exhaustivité ­ qui en l'occurrence n'existe pas en documentation. Que dire de l'abondance supposée de la documentation intéressant l'autoformation en 1997, surtout si l'on prend en compte la littérature d'expertise et la production universitaire ­ peu ou pas prises en compte dans la bibliographie de 1995 ?

Organiser des réseaux tels que rien (ou presque rien) n'échappe à la vigilance de chaque groupe " bibliostellaire " serait en soi une formidable réussite.

Installer le résultat de ce travail de réseau sur un "site" accessible à tous (un site Web) interrogeable à partir du thésaurus (lui aussi en ligne) et proposant l'état (régulièrement mis à jour) de la production documentaire en la matière en serait une autre.

N. B. Les descripteurs sont donnés au singulier (à quelques exception près) et sans "mot vide", Par exemple, on aura tutorat centre ressource entreprise pour 'tutorat en centre de ressources d'entreprise' et tutorat entreprise pour 'tutorat en entreprise'.

3. LA GALAXIE

3.1 Autoformation intégrale

3.1.1 L'extrait néogalactimorphe

L'autoformation intégrale renvoie au courant ancien de l'autodidaxie, dont le critère d'identification repose sur le fait d'apprendre hors de tout rapport avec les institutions et agents éducatifs formels. Il s'agit d'"assumer soi-­même l'ensemble des fonctions d'enseignement habituellement dévolues à un tiers" (N. Tremblay, 1986). On perçoit aisément ici le caractère radical de cette notion. Cette conception initiale de l'autoformation, très proche de la représentation dominante du terme en France, renvoie à la fois au courant historique de l'autodidaxie ouvrière du XIXème siècle, et aux approches plus récentes de l'autoformation en milieu naturel, privé, professionnel ou associatif. Les travaux de G. Le Meur en France, et de N. Tremblay ou C. Landry au Québec, illustrent bien ce courant, marqué par le souci de décrire des pratiques d'apprentissage totalement autonomes, c'est-à-dire intégralement indépendantes du milieu éducatif formel. Les travaux originaux d'A. Tough (1971) sur les projets d'apprentissage des adultes illustrent bien la fécondité heuristique de la recherche sur ce champ.

Au cours du colloque, ce type d'autoformation a été illustré par les deux communications portant sur les pratiques d'autoformation de cadres et des ingénieurs hors de tout programme institué (A. P­utot, R. Foucher), et de façon idéalement congruente, par la présentation d'une expérience d'apprentissage autonome par celui qui en fut le sujet (C. Verrier). De plus, les présentations sur l'usage des ressources éducatives conçues pour le grand public, hors des dispositifs de formation formelle, comme La Cinquième (V. Glikman) ou la Médiathèque de la Cité des Sciences (E. Cormault) marquent ces approches-­frontière entre la perspective de l'autoformation intégrale, modernisée certes, mais toujours centrée sur les faits d'autodidaxie, et la perspective éducative des promoteurs de ces nouveaux moyens d'autoformation polarisés sur les choix autonomes des sujets sociaux.

3.1.2 Les contributions du colloque

    B2 Audit des pratiques d'autoformation de cadres (A.PUTOT)

    A3 La Cinquième, support d'autoformation ? (V.GLIKMAN)

    B3 Les professionnels et l'autoformation (R. FOUCHER)

    G3 Témoignage d'une expérience autoformative (C.VERRIER)

    A2 L'autoformation à la Cité des Sciences (É. CORMAULT)

    Forum Loisirs, culture et autoformation (C. BACHELLIER)


  1. Richardot Bruno, Formations ouvertes multiressources. Éléments bibliographiques pour l'université d'été de Lille, Lille : CUEEP-USTL, 1995, 161 p. (les cahiers d'études du CUEEP ; 29)
  2. ADEP, Agence pour le Développement de l'Éducation Permanente.
  3. AFPA, Association pour la Formation Professionnelle des Adultes.
  4. Centre INFFO.
  5. ONISEP.
  6. Philippe Carré, " L'autoformation : état des lieux et perspectives ", in Actes de l'université s'été Formations ouvertes multiressources, Lille : CUEEP-USTL, 1995, 161 p. (les cahiers d'études du CUEEP ;, p. 11-12 (les cahiers d'études du CUEEP ; 28)
  7. Bertrand Schwrtz, L'éducation permanente demain, Paris : Aubier-Montaigne, 1973
  8. Dans Education Permanente,66, 1982, p. 61-72
  9. Lors des Rencontres philosophiques de l'UNESCO, en 1995, dont on peut lire le compte rendu sur le site Web de l'organisation internationale.
  10. Paradoxalement, le thésaurus, ici caractérisé comme travaillant au niveau du préalable, est, dans le discours documentaire, un "instrument secondaire" C'est que la philosophie herméneutique et la science de l'information ne s'intéressent pas au même objet la première investit les conditions de la compréhension, la seconde les conditions de l'information. La démarche fondamentale du documentaliste ­ telle que je la préconise ­serait ainsi une démarche à rebours, qui partirait de I'existence de facto de l'information pour en aménager les conditions de compréhension (idée d'une herméneutique documentaire : cf. Richardot Bruno, "Des pratiques bibliographiques à l'herméneutique documentaire : sens et référence en documentation", Documentaliste Sciences de l'information, 33/1, janvier­février 1996, p. 9­15 5)
  11. Varet Gilbert et Marie­Madeleine, Maîtriser l'information à travers sa terminologie, Besançon: Université de Franche­Comté, 1995 (Annales littéraires de l'Université de Franche­Comté; 559), p. 429.
  12. Les pratiques d'autoformation et d'aide à l'autoformation, et non les discours sur ces pratiques. C'est pourquoi les outils heuristiques méthodologiques utilisés pour construire du discours sur ces pratiques et les types de discours sur ces pratiques ne sont pas concernés en tant que tels par le présent thésaurus.
  13. Gottlob Frege, "Über Sinn und Bedeutung", Zeitschrift für Philosophie und philosophische Kritik, n' 100, 1892.
  14. Cf. plus bas, note 19
  15. J'ai fait une entorse à la règle qui veut que la mention EM soit suivi du "descripteur autorisé" : l'expression 'processus cognitif' assez courante (descripteur dans le Thésaurus de la formation) n'est ici que synonyme et renvoie au mot APPRENTISSAGE qui n'est pas ici descripteur mais participe à des expressions descripteurs
  16. Cf. le texte de Sigmung Freud sur les mots aux sens opposés (je n'ai plus la référence claire, seulement un souvenir de lecture lointain mais sûr).
  17. Sur la métaphore galactique, cf. Philippe Carré, art. cit., p. 15­17 ; et la troisième partie de L'autoformation dans la formation professionnelle, Paris : La Documentation française, 1992.
  18. Richard Bruno (ed.), Pratiques d'autoformation et d'aide à l'autoformation, Lille : USTL­CUEEP, 1996 (les cahiers d'études du CUEEP , 32­33).
  19. C'est pour cette raison unique que, dans le présent thésaurus, 'autoformation intégrale' est préféré à 'autodidaxie' comme descripteur.
  20. Voyez plus haut.