Bourrichon
[substantif masculin, XIXe
siècle, premières occurrences chez Gustave
Flaubert dans les années 1860]
Dérivé de
bourriche.
Populaire :
tête.
Surtout dans les locutions
Monter
le bourrichon à quelqu'un (l'exciter, lui
donner des illusions) et
Se
monter le bourrichon au
sens de "se faire des idées", "se bercer d'illusions", ce
que
je traduirais bien quant à moi par "vivre en
utopie". Mais
aussi seul, au figuré, comme lorsque Flaubert se plaint de
n'avoir pas le moral :
Mon
pauvre bourrichon est à bas (
Correspondance,
1872 : à
Madame Roger
des Genettes, 15 mai 1872).
Le
Bourrichon, c'est aussi un fromage franc-comtois, rond, de lait de
vache, pasteurisé, à croûte
lavée, de onze
centimètres de diamètre et de trois
centimètres
d'épaisseur, d'un poids moyen de 250 grammes et à
quarante-cinq pour cent de matière grasse. Pour
être tout
à fait franc, je n'en ai jamais goûté
de ce fromage ! Mais comme j'adore le fromage en général, de la
cancoillote au comté en passant par le camembert au lait
cru, et
que mes parents, grands-parents, etc. sont francs-comtois
comme le bourrichon...
Le bourrichon, c'était aussi, paraît-il, un panier
grossier employé à la campagne - du moins dans le
pays
nantais, si l'on en croit Paul Eudel (
Les
Locutions nantaises, 1884).
Peut-être
pour y transporter le fromage : fromage franc-comtois dans un
panier
nantais !
Mais le Bourrichon est
également présent dans l'histoire de
l'art : Le
Voyage de la famille
Bourrichon
que Georges Méliès fit voir en 1913 - sans aucun
succès d'ailleurs - reprenait l'argument d'une farce
qu'Eugène Labiche et Édouard Martin avaient
intitulée Le
Voyage de M. Perrichon (1860),
une de ces farces
où la bourgeoisie se moque d'elle-même... Plus
près de nous, Le
Bourrichon
est une comédie écrite, mise en scène
et
interprétée par Joël Jouanneau (Actes
Sud-Papiers,
1989), une comédie "rurale" - ce qui
peut-être nous ramène au fromage dans le panier...
Bon ! Bourrichon, d'accord ! Mais pas jeune
bourrichon :
à soixante ans passés, je n'ai plus
l'âge,
je ne suis plus "de la bourre" ! Je serais plutôt
"à la
bourre", disons alors tard
bourrichon !
Tard,
- parce
que mieux vaut tard que jamais,
- parce
que j'ai
récemment
décidé de prendre le temps de faire ce
qui me plaît,
- parce
que vient un âge où l'on s'autorise à
penser et
à parler par soi-même, après qu'on
a, des
années durant,
écouté et lu les pensées des
autres,
- parce
que le désir me prend de vouloir exprimer, de vouloir sortir
de
mon for intérieur ces pensées, ces images, ces
musiques
qui trop souvent me prennent le bourrichon,
- parce
que me hante l'impassible rythme de L'Horloge de
Baudelaire - que Julie Potvin avait illustrée d'un superbe
flash sur www.perte-de-temps...
et que j'ai enfin mis en musique.
Horloge!
Dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : "Souviens-toi!
Les vibrantes
douleurs dans ton cœur plein d'effroi
Se
planteront bientôt comme dans une cible; |
|
Le
Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
À chaque homme accordé pour toute sa saison. |
Remember! Souviens-toi!
Prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or! |
Trois mille six cents fois par
heure, la Seconde
Chuchote:
Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix
D'insecte,
maintenant dit: je suis Autrefois,
Et j'ai
pompé ta vie avec ma trompe immonde! |
Souviens-toi que le Temps est
un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! C'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; Souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide. |
|
Tantôt
sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh! La dernière
auberge!),
Où tout te dira: Meurs, vieux lâche! Il est trop
tard!" |
Je me suis mis
à la
communication toilesque au tout début des années 2000,
en
ouvrant un blog que j'ai intitulé
brich59
(
grand merci
à Canalblog !).
Ouvrant Tard-Bourrichon quelques années après, je n'abandonnais pas le blog pour lui substituer un site en bonne et due
forme.
Je voudrais seulement adosser le premier, énergie fluide
enserrée dans le couloir du temps, au second,
énergie
solide ancrée dans le terreau
sédimenté de ma
propre vie. Comme un journal appuyé contre un livre, pour y
puiser de sa force, de son sens profond. Comme un courant d'air dans un
paysage stable et mouvant à la fois...
Fatalement les thématiques, d'un support à
l'autre, sont les mêmes :
Je
sais bien qu'une telle répétition
thématique, ce
n'est pas très beau et que ça pourrait ressembler
à du spamdexing...
Je
sais bien aussi qu'un site (c'est vrai aussi pour le blog)
qui
accoste à des rivages thématiques si
dissemblables, ayant
si peu de concepts en commun, je sais bien qu'un tel site n'est pas
facilement indexable et qu'il en va de son
référencement
toilesque, de sa visibilité pour les araignées,
de sa
"publicité". Tant pis ! Je n'ai vraiment pas
envie de
créer quatre sites, pas envie d'imposer quatre
Tard-Bourrichons
à la collectivité !
Du coup, je me dis qu'un search
engine local ne sera pas superflu. Quand je dis local, je
veux dire limité à ce site, au blog, et au
webzine de l'association régionale de musique chorale La Chapelle des Flandres.
On peut utiliser la fenêtre de requête
ci-dessous ou
cliquer sur la paire de jumelles dans le cadre sur la gauche de
l'écran.
La répartition thématique et, partant, le "menu"
s'étalent tout au long du cadre gauche.
Et puis quand j'aurai dit
que Tard Bourrichon
est l'anagramme de mes
nom-prénom... !
© Bruno
Richardot, novembre 2016